[RPT n°3]Unis par la vengeance

Ultima Nova. La guilde siégeait parmi les ruines de l'ancien Conseil. Era était défigurée à jamais par l'avènement des étrangers, souillée par ces poussières qui n'avaient à faire là. La désolation et la misère des villages avoisinants ne troublèrent pas celui qui, vaillamment, courrait de sa foulée féline et sûre vers les ruines.
Le messager fut arrêté aux portes d'Ultima Nova par deux gardes masqués. Les pointes de leur lance piquait son cou alors qu'il haletait, le visage baigné de sueur et le regard fou. Il voulut prendre la parole mais sa fatigue lui coupa le sifflet. Ses jambes tremblantes finirent par céder sous son poids, le laissant agenouillé et la gorge brûlante du sang qui coulait sur le sol. Tout ce qu'il réussit à faire avant de sombrer dans l'inconscience fut de montrer sa marque de guilde : la comète d'Ultima Nova.

Aussitôt, on s'empara de son corps flasque et on l'amena dans sa chambre. Un guérisseur accourut et soigna le pauvre homme. Son corps se détendit et se remit de sa fatigue mais il ne se réveilla jamais. Le verdict fut sans appel : empoisonné. On en informa la maîtresse de guilde qui recommanda de ne pas ébruiter l'affaire. Les questions commencèrent à affluer : qui avait cela ? Pourquoi cette hâte à revenir au lieu de trouver directement un antidote ? En secret, on fouilla ses vêtements, tria chacun de ses biens dans sa besace jusqu'à tomber sur un paquet fermé d'un ruban pourpre. Une pile de lettres sous enveloppes sur lesquelles on pouvait lire calligraphié à l'encre noire avec une précision d'antan : « Présent à destination d'Ultima Nova. Au nom de la vengeance. »

Il fut décidé de sonder le colis avant d'y toucher davantage. La mage capable de cet examen s'avéra malheureusement absente le jour de la réception, repoussant l'ouverture à plusieurs jours. Autant d'heures qui laissèrent tout loisir aux rares informés de réfléchir au sens du message. Quelqu'un avait tué un de leur membre qui rapportait un paquet de lettres à leur intention. Quelqu'un ne voulait pas que ce colis ne leur parvienne. Cela faisait beaucoup d'ennemis potentiels entre le conseil et les guildes légales, sans compter leurs sympathisants mais ils s'y étaient préparés depuis longtemps. Ultima Nova n'était venu à Fiore pour se faire des alliés, mais pour conquérir une terre et comme dans toute conquête, cela ne pouvait se faire sans confrontation.

Rapatriée en vitesse, la mage chargée de l'examen du cadeau à sa guilde ne mit pas longtemps à assurer la sûreté du colis. Aucune trace de poison sur le ruban, ni sur les enveloppes et pas la moindre trace de magie sur les courriers, bien que des tâches de sang se révélèrent sur la tranche de la pile.

Misa Amane, maîtresse d'Ultima Nova se chargea seule de l'étrange lecture. Seule dans la pièce, elle s'installa à un bureau, les traits tirés, préoccupée. De son doigté léger mais sec, elle décacheta la première enveloppe, en tira une feuille et lut les premiers mots : « Chère amie »...

Citation :: Chère amie,

Nous ne nous connaissons pas et le monde s'en porte bien. Mais j'ai des choses à vous apprendre, des choses qui je l'espère vous seront plus utiles qu'à moi.

Comme vous le savez, le Conseil magique a son siège à Crocus depuis que vous l'avez chassé de ses locaux. Je vous joindrais une prochaine lettre un plan aussi détaille que possible de leur repère, mais je crains qu'il sera exempt des passages secrets et escaliers dérobés. Il serait également étonnant que l'on me laisse accéder aux salles et ailes les plus importantes, aussi vous devrez juger par vous-même de la véracité de mes plans. Je ne pourrais pas me permettre trop de liberté ou bien je serais suspectée.

Cette lettre n'a pourtant rien d'une simple introduction à votre personne, ni une invitation à nous rencontrer, bien que j'aurais préféré vous livrer ce que je sais de vive voix. Il est cependant plus sûr, pour vous comme pour moi que vous ne connaissiez jamais mon visage, ni le son de ma voix.

Chère amie, si vous tardez trop, votre entreprise sera un échec. Pour renverser définitivement le Conseil et faire sombrer les défenses de ce pays dans le chaos le plus total, vous devez agir sous peu car la défense s'organise et ne vous attendra pas. Vous ne pourrez bientôt plus compter sur la surprise pour écraser vos ennemis, d'autant plus qu'à la tête du Conseil siège un homme aussi brillant que prompt à l'action. Arystar Sullyvan de son nom, fait régulièrement l'aller retour entre ses locaux et le palais du roi. Aucune information n'a filtré de leurs entrevues mais nous savons vous et moi ce que de tels rendez-vous signifient : le Conseil a le total soutien du royaume ou l'inverse. Mais quoi qu'il en soit, cette union permet au Conseil de se remettre bien plus vite que vous ne l'aviez sans doute prévu.
Vous n'avez pas fait que du mal à cette stupide institution en la frappant. Ceux que vous avez éliminés ont laissé leur place aux plus fins limiers du royaume. Vos adversaires sont certes moins nombreux que lors de votre invasion à Era mais ils sont également mieux préparés et intransigeants. Vous avez été l'incendie qui a purifié le conseil et lui permet maintenant de pousser sur de solides racines. Vous devez le mettre à terre avant qu'elles ne soient trop profondes sous terre ou attendre des décennies pour que la pourritures ne l'habite de nouveau. Dans l'hypothèse où vous seriez toujours là.

Je vais vous aider du mieux que je le peux.

Crocus est en passe de devenir une véritable place forte et imprenable. Je vais aller droit au but : on patrouille nuit et jour sur les murs d'enceinte, il n'y a pas une minute où les murs ne grouillent pas de sentinelles. A terme, ces dernières seront dotés de jumelles permettant de détecter toute personne dotée de magie. Les portes ne sont plus ouvertes après la tombée de la nuit et avec leur système de détection, ils vérifieront systématiquement les marques de guilde de tout mage souhaitant accéder à la capitale. Ce ne sera que la première étape. Par la suite, si les négociations aboutissent avec les maîtres des guildes légales, ils lanceront la construction d'un artefact qui convertira la magie des maîtres en dôme protecteur ainsi que des armes employant le même système pour doter les murs de canons magiques.

Je n'ai pas le temps pour vous en dire plus.
Je vous prie de bien vouloir croire ce que cette lettre contient et vous promets de vous donnez de plus amples explications dans ma prochaine correspondance.

Bien à vous,
N. H.

Citation :: Chère amie,

Je suis convaincue que vous peinez à croire à la véracité de mes informations, alors laissez-moi vous rassurer.

Je ne vous dirais pas qui je suis, ni ce qui me motive, mais de quoi, je l'espère, effacer vos doutes et m'accorder votre confiance.

Par où commencer, seulement ? Peut-être que commencer par vous révéler que je suis l'informatrice qui a livré vos infiltrés au Conseil n'est pas la meilleure manière de m'attirer votre bienveillance... Pourtant c'est par cela que je me dois de commencer. Abandonnez votre rancoeur envers moi ainsi que vos hommes. Ils vous auraient trahi un jour et ne valent pas la peine que vous les secouriez : leur visage est connu de tous, vous ne pourrez plus les utiliser pour vos plans et s'ils s'échappent, partout où leur visage sera aperçu, on soupçonnera votre présence, au risque de remonter vos réseaux et de les démanteler. Croyez-en mon expérience, vous perdriez bien plus que du temps à les sauver.

Cependant, mon acte n'était pas gratuit, ni désintéressé. Vous pouvez toujours me traquer, chercher mon identité et me réduire au néant pour que j'emporte vos secrets et les miens dans la tombe. Mais avant de lancer vos chasseurs à mes trousses, sachez ceci : le sacrifice de trois de vos hommes m'a permis de m'infiltrer au Conseil et de gagner la confiance de certains de ces mages. Je vous épargne les détails mais l'homme qui m'a interrogé m'a prise en amitié. Que je lui rappelle la petite fille qu'il n'a jamais connu ou que la lueur flamboyante de mon regard l'ait marqué, je n'en sais rien mais il me fait confiance. Pas totalement, mais assez pour jouer avec moi, pour me tester. Il m'a révélé des informations que je sais vraie, mais qui vous conduiraient droit dans un piège si je vous les révélais. Il n'attend que cela et alors je serais arrêtée, interrogée dans le meilleur des cas ou exécutée...

Je m'égare...
Malgré sa méfiance, j'ai senti qu'il voulait réellement me faire confiance. J'ai senti ce qu'il voulait de moi alors je l'ai travaillé, pendant plusieurs mois. Je suis sujette à de nombreux contrôles depuis que j'ai dénoncé vos hommes, c'est pourquoi je me contente de vous envoyer des lettres et que mon messager n'y survivra pas : il en va de ma sécurité.

Quant à ce conseiller dont je vous parlais, à force de le travailler, il a fini par me laisser entendre des choses qu'il n'aurait pas du. Des indications fort peu dérangeantes. De simples informations sur des lieux et des personnes. Sur les ailes qui m'étaient interdites, sur les personnes qui les dirigeaient, sur des caractères et des tempéraments. Autant dire, tout ce que j'avais besoin pour me faire accepter parmi eux. Bien assez pour que les soupçons de certains s'intensifient et m'attirent de fait la sympathie des autres.
La faiblesse du conseil a toujours été la même : ils sont humains et les humains ont cela de commun qu'ils commettent tous des erreurs. La leur fut de laisser leurs émotions les contrôler, comme elle le fut autrefois et comme elle le sera demain.

Ainsi que je le disais, certains fonctionnaires m'accordèrent leur confiance, mais ils ne furent pas déterminants dans ma quête d'informations. Le problème de ces gens est leur trop grande honnêteté. Je savais que s'il me donnait la moindre information, mes détracteurs le saurait à la première occasion. Après tout ma surveillance était permanente dès l'instant où je posais un pied dans l'enceinte du Conseil. Leur rôle se cantonna donc à me servir de couverture. Ils devinrent mes amis, mes connaissances et je passais de temps en temps les voir, leur apporter quelques babioles, leur rapporter mes missions ici et là, mes blessures et mes craintes ou soulager les leurs. Et dans nos conversations, ils me rapportaient que certains hauts placés les questionnaient sur moi, sur ce que nous disions et à leur tour laissaient filtrer quelques informations que mes informateurs me rapportaient avec beaucoup de candeur.

Comprenez bien ceci : c'est dans le silence qu'on apprend le plus.

Certaines informations ne méritaient pas tant d'effort je vous rassure. La chance fut également mon alliée. Un garde trop zélé qui m'empêcha d'entrer à Crocus de nuit alors que je revenais d'une mission sous prétexte que j'avais l'air "suspect" -mon physique me vaut souvent de la suspicion- me suffit pour apprendre le lendemain d'un conseiller désolé -la fatigue se lisait douloureusement sur mes traits tirés- qu'ils avaient mis en place une ceinture de surveillance autour de la ville et que la nuit, les sentinelles avaient pour ordre de ne laisser passer personne. On n'avait pas jugé bon de m'en informer avant d'avoir mis en place la mesure bien sûr, puisque certains avaient jugé trop dangereux de me mettre au courant. Une mesure avisée. Je ne doute pas que son instigateur avait aussi proposé de ne plus m'accorder l'accès aux locaux du conseil et de prendre mes informations ailleurs qu'à Crocus.

Peut-être l'aurait-on écouté d'ailleurs si j'avais été affiliée à une quelconque guilde ou que les finances étaient plus élevées. Mais sans moyen sûr de me joindre, ni de me faire filer en permanence, mes sympathisants avaient trouvé plus pratiques sans doute de me faire venir à eux.
Et pour éviter d'autres problèmes, on me prévint de la seconde mesure : la vérification des marques de guildes pour l'entrée des mages. A vrai dire, on ne me présenta pas les choses tout à fait comme cela. Un jour on me fit mander au conseil où l'on me remit une petite marque gravée sur un pendentif en bois avec pour consigne de la présenter si on me refusais l'entrée. Quand je demandais à quoi cela rimait, on m'apprit que c'était lié à mon absence de marque de guilde et que tous les autres mages solitaires devraient s'en procurer une prochainement avant de pouvoir s'introduire à Crocus.
Pour la suite, quelques recherches à l'université d'Oak et une petite filature de conseillers me permit de faire le lien avec l'invention d'un système de détection de mages. Conclusion : le moyen le plus simple et le moins onéreux pour mettre en place un tel filet est d'adapter un petit système de détection sur des jumelles. Je vous passe les détails techniques. Si nous nous voyons un jour, je serais heureuse de vous en expliquer tous les détails et toutes les finesses mais nous n'en avons pas le temps pour le moment.

Il se fait tard et j'en viens à manquer d'encre.
Je vous ferais parvenir le reste dans une autre lettre.

Bien à vous,
N.H.

La nuit n'allait pas tarder à tomber lorsque Pandore sortit d'un entretient interminable avec un conseiller. La jeune femme était épuisée de sourire et de calculer minutieusement la moindre de ses réactions. Aller contre sa nature était un exercice bien plus difficile et épuisant qu'elle ne l'aurait imaginé. Il lui tardait de pouvoir mettre fin à cette comédie, il lui tardait de retrouver son statut d'antan.

Perdue dans ses pensées, elle ne remarqua pas la porte qui s'ouvrit à côté d'elle et lorsque les voix lui parvinrent, il était trop tard. La collision avait déjà eu lieu.

~ Aoutch !
- Humpf !

Pandore se frotta le bout du nez et vérifia qu'il n'était pas cassé. Heurter une épaule ne suffisait pas à briser un os, mais la douleur n'en restait pas moins importante et... surprenante. La dame leva les yeux sur la personne qu'elle venait de percuter. Une grande et belle rouquine aux yeux noisettes. Elle avait les traits tirés et l'air renfrogné, ce qui l'entourait d'une aura écrasante et quelque peu effrayante. Pandore reconnut immédiatement ce minois préoccupé, c'était Erza Scarlet, maître de guilde de Fairy Tail qui acceptait de temps à autre sa présence dans le hall de la guilde.

Titania prit en revanche quelques instants avant de reconnaître Pandore et de se remémorer d'où elle connaissait son visage. Avec un soupir, elle s'excusa pour la bousculade et questionna la solitaire sur la raison de sa présence au sein du Conseil.

~ Je sers d'indic. Mes missions m'entraînent un peu partout, alors j'en profite pour ramener les nouvelles du pays. Et vous ? Vous êtes loin de Magnolia...

L'irritation de la reine des fées s'accentua à ces paroles. Apparemment, elle partageait l'avis de Pandore et aurait préféré ne pas être là. Après une brève discussion, les deux femmes décidèrent de dîner ensemble, Erza étant curieuse de questionner Pandore -pour qui elle n'avait pas que de l'amitié- et Pandore s'informant de la situation de Fairy Tail mais surtout de son conteur attitré.

A cause de son emploi du temps chargé, la jeune femme n'avait pas eu beaucoup d'occasion de le voir ces derniers temps.

Une table au fond d'une auberge suffit amplement pour satisfaire le besoin de calme des deux femmes. Et rapidement la discussion s'orienta sur ce qui tracassait la maîtresse de guilde. A mi-mot, elle laissa entendre que le conseil était en pleine négociation avec les guildes légales pour renforcer la sécurité de Crocus. Evidemment, ce n'était pas au goût de la guerrière : privilégier la sécurité de la ville était une bonne chose, certes, mais pas au détriment du reste du royaume. Or c'était bien ce que le Conseil réclamait.

Pandore n'en apprit pas plus ce soir-là mais elle obtint une place de choix dans le transport qui ramenait Erza à Magnolia et l'accompagna jusqu'à la guilde pour rejoindre Stephen.

Dès que la tignasse blonde apparut du fond de la salle, entourée de gamins, un sourire s'accrocha sur les lèvres de Pandore. Erza l'autorisa dans un grognement à passer la soirée là mais elle devait s'entretenir avec la guilde avant cela, aussi demanda-t-elle à l'intruse de revenir plus tard.

N'ayant rien de particulier à faire, Pandore attendit sagement devant la guilde, assise sur un muret, à méditer sur ce qu'elle avait appris. Une heure plus tard, peut-être un peu plus, peut-être un peu moins, ce fut Stephen en personne qui vint la chercher. Les deux amis passèrent la soirée ensemble à discuter de tout et de rien et malgré le plaisir évident qu'elle prenait en la compagnie du jeune homme, Pandore se força à collecter les informations qui lui manquaient auprès de lui. Après tout, il lui avait promis de l'aider et il lui faisait confiance. Du moins elle le pensait.

La dernière lettre attendit le lendemain avant d'être rédigée.

Pandore ; 145 Points d'expériences.

+ 100 Points de réputation.

Contenu sponsorisé. messages. Inscrit le .