Le domaine Starkiller, un endroit très ancien, presque autant que le royaume de Fiore lui-même. C’était un des ancêtres de Raziel qui avait reçu ces terres du roi de l’époque et avait fait construire une immense maison avec des montagnes tout autour. Sauf à un endroit où une forêt de différente espèce d’arbre et au sous-bois touffu existait. De cette manière, ce lieu était devenu une place forte. C’est dans cet endroit que Raziel avait passé son enfance et c’est là qu’il devait aller.

Quelques jours avant, le Balafré avait reçu une lettre de son père lui demandant de venir au domaine Starkiller, seul. En sortant de la forêt pour arriver devant la maison familiale. Raziel vit qu’on l’attendait devant le pas de la porte, son père et son maitre d’armes scrutaient le chemin. Damoclès s’approcha et les salua.

— B’jour. Lança Raziel.
— Ah, on t’attendait ! Viens avec nous. Dit son père sans ménagement.
— Ouais, je n’ai pas le droit de me reposer avant ? Ce n’est pas comme-ci j’avais fait un long voyage pour venir. Rétorqua le Balafré.
— Tu te reposeras quand tu seras mort. On y va, stupide disciple ! Lança Belius en avançant en direction des montagnes.

Mickaël le suivit, Raziel soupira et laissa son baluchon devant la porte avant de faire de même. De toute manière, il n’avait pas le choix s’il voulait connaitre la raison de sa venue ici. Ils marchèrent et marchèrent encore sur un sentier sinueux qui parcourait la montagne. Au point qu’ils ne virent plus la maison Starkiller. Damoclès commençait à être fatigué et surtout frustré de ne rien savoir.

— On peut m’expliquer pourquoi je suis là ? Ou c’est en option ? Demanda-t-il.

Aucune réponse. Raziel continua à ronchonner jusqu’au moment où son père disparut en avançant dans un pan de la falaise qui les surplombait.

— Que !?
— Avance, stupide disciple. Lança Bélius en poussant le Balafré.

Une fois derrière ce faux mur, le Balafré remarqua que la supercherie était due à un lacryma qui projetait une image de roche et ce qu’elle cachait était une grotte. Une simple cavité sombre travaillée par le temps, elle semblait continuer de s’engouffrer dans les profondeurs de la montagne.

— On est bientôt arrivé, mets ça et avance. Dit Mickaël qui lui tendait une chevalière.

Elle était en or massif avec une améthyste incrustée dessus, sur la pierre précieuse une gravure représentant la tête d’un ours la gueule ouverte était présente. Sur l’intérieur de la bague, une inscription était présente :  Quid putas, est realis, ut Quasar.

— Ça veut dire quoi ce charabia ?
— Tu vas arrêter de poser autant question ! C’est lourd à la fin ! Lança Bélius. On va te répondre, mais pas tout de suite !
— Désolé de vouloir des réponses ! On me fait venir là sans rien dire et les seules réponses que je reçois c’est des vents ! Je n’ai pas que ça à foutre dans la vie ! J’ai une unité à faire tourner et une ville à reprendre ! S’emporta Raziel.
— Ferme là, fous cette chevalière et avance ! Gronda son maitre.

Damoclès bougonna de plus belle, mais ne pouvant faire autrement. Il mit la chevalière et avança dans la grotte. Au fond de cette dernière se trouvait une porte simple au bois sombre avec le même symbole que sur la bague, mais aucune poignée visible. Étrange de trouver ça dans une grotte et surtout ça servait à quoi ? Son père avança simplement sur le seuil et elle s’ouvrit toute seule, avant de se refermer derrière lui. Belius fit de même, laissant Raziel seul.

— C’est quoi cette connerie ! Lança Raziel en s’approchant de la porte.

C’est à ce moment qu’il comprit, une douce chaleur se dégagea de l’anneau et la porte s’ouvrit devant lui, son père et son maitre l’attendant devant. Ils se retrouvèrent dans un couloir aux parois lisse, façonné par l’homme, avec des torches installées tous les cinq mètres qui s’allumaient à chacun de leurs pas.

— Bon ! Maintenant que l’on est en sécurité. On va pouvoir t’expliquer pourquoi nous t’avons fait venir ici. Comme ça, tu vas arrêter de faire ta chouineuse ! Dit son maitre en avançant dans le couloir.
— Samaël, ce nom te dit quelque chose ? Demanda Mickaël sans se retourner.
— C’est un de nos ancêtres, le premier qui a su se servir de la magie. Il utilisait la même magie que moi et c’est lui aussi qui a permis aux Starkiller d’avoir des terres. Répondit Raziel sans comprendre cette question.
— C’est bien ça, mais tu ne sais pas tout sur lui.
— Je ne suis pas sûr que ça ait un rapport avec moi. Alors, fais dans le rapide s’il te plait, père.
— Ne soit pas impatient, stupide disciple ! Lança Belius.
— À son époque, et avec cinq autres familles, il créa une organisation qui avait pour but de protéger le royaume des plus terribles menaces. Leur quartier général se trouvant dans ces montagnes.
— C’est clair qu’elle fait bien son boulot avec l’arrivée d’Ultima Nova et la destruction d’une partie du Conseil. Ironisa Raziel.
— Je te parle de vraie menace. Comme l’impératrice désastre, il y a cinquante ans ou encore la destruction de Zatias, la cité maudite, il y a cent-trente ans.
— L’Impératrice Désastre ? Zatias ? Jamais entendu parler.
— Normal, on garde tout ça secret avec le Conseil et le royaume. L’impératrice était une puissante mage que le Conseil avait arrêté avec l’aide de la Confrérie et Zatias, ce serait trop long à expliquer. Tu connaîtras cette histoire quand tu lieras les archives.
— On récupère aussi des artefacts bien trop puissants pour être dans de mauvaises mains. Renchérit Belius.
— Euh, c’est cool, mais je ne comprends toujours pas ce que je fous là !

Mickaël soupira avant de continuer.

— Réfléchit un peu ! Si on te dit tout ça, c’est simplement parce qu’en tant que futur chef de la famille Starkiller. Tu vas faire partie de la Confrérie, c’est obligatoire.
— C’est vrai que je ne suis pas du tout occupé à Crocus. Dit Raziel sur un ton sarcastique.
— Cesse tes sarcasmes ! Ordonna Mickaël. C’est un engagement de la famille et tu t’y plieras !

Raziel, ne pouvant envoyer sur les roses son père, grogna. Belius ouvrit la bouche pour continuer les explications.

— La chevalière qu’on t’a donnée et la preuve de ton appartenance à la Confrérie. Elle permet d’ouvrir la porte de notre base et aussi te permet de savoir quand la Confrérie a besoin de toi.
— Elle brille et écrit des lettres de feu en l’air ? Railla le Balafré.
— C’est un peu ça, tu verras en temps voulu. Pour l’instant, nous avons à te montrer notre base, nous y sommes presque.

Devant eux, le couloir s’arrêta pour donner sur une salle gigantesque. Petit à petit, d’autres torches s’allumèrent et Raziel vit plusieurs objets tous plus étranges les uns que les autres. De toute taille, de toute forme, passant de la marionnette représentant une fillette aux gravats d’une tour ou encore des navires gigantesques. Sur la longueur de la pièce, de chaque côté de l’entrée, se trouvaient des rayons de livre bien rangé sur des étagères.

— Voilà la salle principale, la salle des trophées. Tous les objets présents sont la preuve que le royaume est constamment en danger. Dit Mickaël en ouvrant les bras. Sur les étagères se trouvent les archives des six dernières années. Suis-moi, je vais te faire visiter le reste.

Il partit sur la gauche et s’engouffra dans un autre tunnel, Raziel sur ces talons. Plusieurs intersections étaient présentes et à chaque fois, son père lui expliqua quelle était sa fonction.

— Là, c’est la salle d’archive où toute l’histoire de la Confrérie est transcrite sur des lacrymas. C’est un moyen intemporel pour les garder avec le papier, on risquait de tout perdre. Alors tous les dix ans, on met nos archives dessus. Quelques pas plus loin. Là ; c’est l’infirmerie et un dortoir, juste au cas où. Encore plus loin dans le couloir qui se terminait par un cul-de-sac. Et enfin ici, c’est la salle de réunion qui nous sert quand toute la Confrérie doit être présente pour une mission.

Mickaël entra dans le couloir qui menait à cette fameuse salle de réunion. C’était une salle toute en longueur, comme la table présente. Une lumière vive s’échappait du lustre accroché au plafond. Son père s’assit au bout de la table et parla.

— Sur la droite de la salle des trophées, c’est la salle des coffres où sont entreposés les artéfacts dangereux, mais ce n’est pas intéressant à voir. Surtout que je ne peux pas encore te donner la combinaison.

— Pourquoi ? Demanda Raziel.
— Tout simplement, parce que tu n’es pas officiellement le chef de famille. Dit son père en posant les coudes sur la table avant de continuer. Tu sais, tout à l’heure j’ai été dur avec toi, car les Starkiller ont toujours présidé la Confrérie. Nous initions les futurs chefs de famille à leur rôle, avant de leur donner les pleins pouvoirs. C’est pour ça que nous avons deux chevalières par famille. L’anneau que tu as, était celui de Samaël. Il utilisait l’énergie Quasar, mais aussi les runes arcaniques. L’inscription à l’intérieur et une de ces créations. Elle durera éternellement, on ne sait pas comment. Cette chevalière lui permettait de modifier sa magie, donc la tienne, pour créer n’importe quelle forme.
— Intéressant. Dit Raziel en observant la bague. C’est un peu comme la création de glaces ?
— Dans l’idée, c’est ça.
— C’est un cadeau pour m’avoir renié pendant des années, jusqu’au jour où ma magie est apparue ? Lança Raziel qui ne put s’empêcher cette remarque pleine de colère.

Mickaël soupira avant de répondre.

— Il est temps que l’on crève cet abcès, tu ne penses pas ? C’est vrai que dans ta jeunesse, tu m’as déçu, car tu n’étais pas un mage et j’ai préféré m’occuper de ton frère. Il fit une pause avant de continuer. Maintenant, c’est une décision que je regrette amèrement. Je… Je m’excuse pour le favoritisme que j’ai fait.
— Il t’a fallu quoi ? Vingt ans pour t’excuser ? Dit Raziel.
— Tu… Tu n’as rien à me rapprocher ?
— Si, bien sûr, et je ne vais pas pouvoir te pardonner tant d’année de rejet en deux secondes et t’en foutre plein la tronche maintenant, ça va servir à quoi ? Je pourrais te parler de tous les efforts que j’ai faits et d’on tu te foutais royalement, mais j’ai d’autres chats à fouetter.
— Azazel, c’est ça ? Demanda son père.
— Ouais. Répondit le Balafré. D’ailleurs, j’aurais deux mots à vous dire à Belius et à toi. On peut retourner dans l’autre salle ?

Sans un autre mot, Raziel quitta la pièce en compagnie de son père pour retourner à la salle des trophées. Ils étaient maintenant réunis et Damoclès pourrait enfin leur demander des renseignements sur la Main de Dieu, l’organisation de son frère. Il leur expliqua sa rencontre avec Gabriel et Ikarus ainsi que leur révélation sur Azazel. Mickaël paraissait soucieux et réfléchissait en se caressant la barbe.

— Je savais qu’il préparait quelque chose, mais je ne pensais pas qu’il monterait une équipe comme ça. La Confrérie connait ces deux mages, ils sont très dangereux et nous allons devoir nous en occuper.
— Non, je m’en occupe seul et je vais tous les buter ces tocards !
— D’accord, d’accord. On va faire des recherches sur eux et dès que l’on a des nouvelles. On te tient au courant. Dit Belius. Bon, on peut partir maintenant ?

Les deux Starkiller acquiescèrent et ils sortirent de la base de la Confrérie pour retourner dans la maison du domaine Starkiller.