Rencontre placée sous le signe du destin [PV: Wilya]

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L’humain se considérait comme un bâtisseur, capable de façonner la surface de la terre selon son bon plaisir ignorant les vies végétales ou animales qu’ils pouvaient détruire, seul leur petit confort comptait. Devant moi se dressait pourtant la preuve que ces misérables insectes étaient face à la nature aussi éphémère que l’était le moustique à leurs yeux, un entrelacs de branches verdoyantes courait le long des structures pierreuses, vestiges d’une époque où ce lieu servait encore. Je m’approchais du mur le plus proche faisant doucement courir ma main le long de l’édifice, me laissant absorber par ce contact je laissais mes sens s’épanouirent enfin. Je prenais pleinement conscience de ce qui m’entourait, le bruit des insectes se mêlaient parfaitement avec celui du vent qui s’engouffrait dans les ruines composant une mélodie harmonieuse et étrangement apaisante.

*** Aux alentours du Mont Hakobé, une Quinzaine d’années plus tôt,

Assis au milieu de la clairière, je ne faisais rien, enfin pas exactement l’objectif recherché était que mes misérables petites oreilles apprennent enfin à entendre, oui Papa semblait croire que j’avais des problèmes d’auditions malgré le fait que j’entende très bien ces instructions. Bref je ne comprenais rien à ce qu’il attendait de moi mais chaque midi je devais lui faire mon compte rendu sur les résultats de ma méditation mais quoique je dise rien ne le satisfaisait pourtant je ne comptais plus mes efforts ! Voilà maintenant près de deux heures que je restais là immobile à observer ce qui m’entourait mais encore une fois je ne voyais strictement rien, si ça continuait mon entraînement de cet après-midi allait encore me passer sous le nez… Dans une ultime tentative, je m’installais dos à un arbre essayant d’apaiser ma respiration, lorsque les battements de mon cœur se firent plus lents mes yeux se fermèrent progressivement pour laisser ma conscience errer à sa guise dans mon environnement.

Tout d’abord je crus que l’échec était encore une fois cuisant lorsqu’un tiraillement dans le coin de mon esprit attira mon attention, progressivement, lentement je me mis à diriger ma conscience vers elle craignant à chaque instant que la présence s’évanouisse. Mais il n’en fut rien et lorsque nos deux âmes entrèrent en contact, je compris enfin le but de l’exercice demandé par mon maitre, la vie circulait en moi comme jamais, grisé par cette sensation je poussais plus loin mon exploration. Ce que je découvris alors me laissa stupéfait, jamais je n’aurais cru qu’une telle activité se déroulait autour de moi. Aucune vie présente dans les environs n’échappaient à ma perception, non loin de moi je sentis la conscience de centaines de fourmis toutes affairées pour la survie de leur groupe, tandis qu’au dessus les piaillements ensommeillés des oiseaux commençait à se faire entendre. Ce qui me surprit encore plus fut l’énergie vitale présente dans chaque végétal qui m’entourait, les plus vieux des arbres notamment, majestueux et ancestraux voilà les deux qualificatifs qui me venaient à l’esprit lorsque j’effleurais leur conscience.

Une douce brise se mit à souffler apportant un nouveau souffle à ma méditation, mélangeant les sons qui m’entouraient pour créer une mélodie envoutante, grâce à cette dernière je savais où se trouvait Papa, quels animaux se trouvaient tout près ou encore quels végétaux allaient mourir ou au contraire lesquels respiraient la santé. Mon esprit se mit à dériver au rythme de la musique environnante, je comprenais enfin pourquoi mon père m’exhortait au respect de la nature et méprisait tant l’espèce humaine qui ne prêtait aucune importance à la flore et la faune avec laquelle ils cohabitaient.***

Ce fut la première fois que j’éprouvais vraiment de la haine pour mes semblables, celle-ci n’avait fait que se renforcer au fil des ans se transformant petit à petit en mépris total et irrévocable à leur encontre. Si j’avais la possibilité de trouver d’autres dragons en plus de mon père, nous pourrions enfin montrer à l’être humain ce que l’on ressentait en vivant au côté d’une espèce supérieur contre laquelle aucune résistance n’était envisageable. Ils apprendraient enfin l’humilité et se rendrait surtout compte à quel point ils étaient fragiles, leurs armes seraient toutes inutiles, les épées ne ferais pas le poids face aux griffes et aux crocs et la puissante armure d’écailles ne frémirait même pas sous l’impact de leurs balles. Voilà l’avenir que je cherchais à créer en me mettant en quête de mes semblables et d’informations sur la disparition de mon mentor, mais pour ça je devais rester inflexible et ne jamais laisser ma faiblesse humaine prendre le dessus…

Ma conscience retourna dans mon corps, brisant le contact qui me liait jusqu’alors avec la nature environnante, en quelques bonds je grimpais en haut de ce qui devait être un énorme mur d’enceinte à une certaine époque. J’avais une vue plongeante sur la ville de Magnolia, l’après midi était tout juste entamée et l’ampleur de l’activité régnant des ses rue ne pouvait m’échapper malgré mon point de vue lointain. Je m’installais confortablement au bord de l’édifice, les jambes dans le vide et tirait mon katana pour l’aiguiser, je ne voulais pas me risquer en ville alors que tant de personnes erraient encore dans les rues, je devais donc passer le temps jusqu’à ce soir. Je ne savais pas ce qui m’attendait dans cette ville, je n’osais espérer trouver un autre « fils de dragon » pour peu qu’ils existent, cet objectif me semblait quasiment impossible et je me résolus donc à me satisfaire si déjà je trouvais quelques informations sur la disparition des dragons.

Toutefois le destin réserve parfois quelques surprises…

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Elle n'était pas contente.
Elle aurait dû, pourtant. Oiseaux et insectes chantaient pour saluer cette belle et chaude journée, presque trop, et dans ce ciel lavé du moindre nuage brillait un soleil éclatant dont les rayons caressaient délicieusement sa peau de velours. Délicieusement... Oui, ces rayons de lumière étaient alléchants, elle en aurait bien mangé quelques-uns... Mais elle n'en avait pas spécialement besoin, ni envie. Un douce brise soulevait ses cheveux immaculés, soulignant son air maussade. Pourquoi une si sombre humeur ?
C'était bien simple. Une mauvaise journée, comme ça arrive parfois. A l'aube, elle avait été réveillée par des hommes armés de lances qui lui hurlaient dessus qu'elle n'avait rien à faire à cet endroit. Elle avait grommelé, avant de se rappeler qu'elle s'était endormie sur le toit de la cathédrale de Cardia. Si elle ne pouvait même plus dormir où bon lui semblait... Elle avait alors remarqué que les gardes qui la menaçaient étaient en équilibre précaire sur le bord du toit. Un grand sourire avait éclairé son visage, et elle les avait poussé dans le vide... S'en était suivi une course-poursuite à travers la ville de Magnolia, qui avait tout d'abord grandement amusé Wilya, mais qui avait de suite été beaucoup moins drôle quand un mage s'en était mêlé. Un mage de contrôle, évidemment. Il l'avait coincée dans une impasse et s'était amusé à lui faire réaliser des pirouettes ridicules en contrôlant son corps et celui de Kroomenfer, son Exceed. Il s'esclaffait en continuant son manège, pendant plus de DEUX HEURES, avant de la laisser épuisée sur le pavé et de partir tranquillement récupérer sa magie si stupidement gaspillée. Un mage de Fairy Tail ? Peut-être. Quoi qu'il en était, cette mésaventure avait ridiculisé la Lumineuse et littéralement dissout sa bonne humeur habituelle. Et puis ce n'était pas tout. Kroo était insupportable depuis le début de la matinée. Il n'avait pas arrêté de lui taper sur le système alors qu'elle fuyait les gardes de la ville, en bon moulin à paroles râlant pour tout et n'importe quoi, et elle avait fini par se disputer avec lui une fois que le mage joueur les avait laissés tranquilles. Les deux amis avaient déversé leur fureur dans leurs paroles et s'étaient séparés sur une violente joute verbale qui avait laissé Wilya furieuse, gâtant encore son entrain.

Elle n'était vraiment pas contente.
Et ça se voyait. A ses muscles tendus, à sa façon de marcher rapide, directe et émanant une force brutale prête à se déverser sur le premier passant qu'elle croiserait. Heureusement qu'elle évitait les rues fortement fréquentées... A son aura également, perceptible et chargée de contrariété. A sa façon de croquer furieusement dans la pomme qu'elle venait de dérober sur un étalage. Et enfin, à ses yeux bleus habituellement limpides qui paraissaient à présent orageux. Sa misanthropie maladive était plus poignante encore que d'habitude, générant des picotements sur sa peau quand elle croisait un simple promeneur. Il fallait qu'elle se défoule, elle ne pouvait pas rester dans un tel état de frustration. Et pour commencer, quitter la ville était une excellente option. Elle ne supporterait pas plus longtemps la proximité de ces insectes pitoyables grouillant dans leurs allées trop étroites, pour aujourd'hui. Sans compter qu'elle risquait de dérailler et de réellement en frapper un au détour d'une rue, si elle restait ici...

Ses pas vibrant de colère la menèrent donc vers la sortie de la ville. Il y avait un endroit où elle se aimait bien se rendre, quand elle venait à Magnolia. Un endroit assez éloigné de ces pauvres créatures fixées pathétiquement au sol, mais d'où elle pouvait les observer à sa guise. Et pourtant, elle avait été construite par ces mêmes êtres humains...
La muraille.
Celle qui ceinturait la ville et la protégeait, autrefois.
Elle n'était plus que ruines, mais ses vestiges chantaient pourtant sa grandeur perdue à ceux qui y prêtaient attention. D'immenses pans de murs défiaient encore le temps par endroit, et Wilya en affectionnait un particulièrement.
Sauf que voilà. En arrivant au pied de sa fortification préférée, une nouvelle mauvaise surprise l'attendait. Evidemment. Quelqu'un osait squatter le sommet du mur où elle voulait se rendre. Large pourtant d'une bonne dizaine de mètres et bien plus long encore, elle aurait bien entendu pu choisir de s'installer un peu plus loin... Mais elle ne pourrait certainement pas se détendre si proche d'un de ces êtres qui l'exaspéraient tant. Ce serait une mauvaise journée jusqu'au bout, il fallait croire... Mais cette fois-ci, elle comptait bien récupérer SON mur. Elle enfonça avec rage ses doigts dans une anfractuosité et commença à escalader le mur à la vitesse d'un lézard, choisissant instinctivement ses prises avec soin, pour finalement arriver sans peine au sommet du rempart.
Elle se tenait debout, à quelques mètres seulement d'un jeune homme encapuchonné qui aiguisait tranquillement son arme, assis au bord du vide. Elle pourrait le pousser comme elle l'avait fait pour les gardes le matin même... En se souvenant de la série de problèmes qui avaient découlé de cet acte, la fille de Weisslogia grimaça et renonça aussitôt à cette idée. Elle allait tout simplement lui dire de partir, et s'il refusait elle emploierait la force. Une façon de faire qu'elle avait utilisé des dizaines de fois et qui avait largement prouvé son efficacité...

S'éclaircissant la gorge, la Lumineuse posa ses poings sur ses hanches et s'approcha de celui qu'elle considérait comme un gêneur. Alors même qu'elle s'apprêtait à l'interpeller, son sixième sens se réveilla. Cet homme avait quelque chose d'étrange... quelque chose de familier. Un sentiment de déjà-vu s'éveillait en Wilya en percevant son aura et attisa un instant sa curiosité, avant qu'elle le chasse comme on chasserait un moustique. Elle voulait sa tranquillité et cet humain n'était rien de plus qu'un parasite l'empêchant d'atteindre ce but. Sa voix, forte et claire, s'éleva au sommet du mur du pierre :

Wilya : Qu'est-ce que tu fais ici ? J'ai besoin de calme. Va donc rejoindre tes camarades au sol. Là est votre place, à vous autres.

Une puissante rafale balaya son visage qui n'avait pas encore complètement perdu les rondeurs de l'enfance, emportant ses cheveux dans un tourbillon blanc. Quand elle voulait quelque chose, la Dragonne n'y allait pas par quatre chemins. Le vent était fort ici, et bien plus frais qu'en contrebas. Pourtant, il ne la faisait ni frémir ni ciller, et elle toisait avec le dégoût qu'elle réservait aux humains l'homme assit près d'elle. Comment allait-il réagir face à l'arrogance de la Dragon Slayer de Lumière ?

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Aiguiser est un art des plus minutieux, il suffisait d’une petite erreur d’angle et votre katana se retrouvait amputé d’une bonne partie de son tranchant, cependant je n’avais jamais eu de problèmes mon instinct me permettait de mieux percevoir les objets et instinctivement je passais la pierre au bon endroit. Cette activité était devenu pour moi essentielle, elle me permettait de faire abstraction du monde environnant l’exact contraire de la méditation en quelque sorte, à la place de me connecter à la nature je débranchais la prise et me retrouvais dans un monde n’appartenant plus qu’à moi. J’y stockais mes souvenirs les bons comme les mauvais vu que d’une certaine manière il m’avait autant l’un que l’autre permit d’évoluer, mais par-dessus tout il contenait les souvenirs de mon père… Je les visionnais en boucle autant pour garder le contact avec Lui que pour mieux le comprendre, avec le temps je comprenais ses paroles différemment là où avant il s’agissait d’un simple sermon je découvrais maintenant des conseils et une manière d’agir au mieux. A présent il m’arrivait de me demander si Sa disparition n’était pas de son fait, certains de ses discours me portaient à le croire mais lorsqu’il me semblait m’approcher d’une certitude elle se faufilait entre les mailles du filet pour disparaître, emportée par le vent.

C’est d’ailleurs pendant une de ces séances qu’un gêneur réussit à me surprendre, la surprise laissa presqu’aussitôt place à la colère, une colère dirigée contre moi-même pour mon manque de vigilance et une autre contre l’inconnu et l’arrogance de ses paroles. La calme qu’elle réclamait était justement celui qu’elle venait de briser en s’introduisant sur mon perchoir, ma tête se pencha légèrement sur la droite laissant tout juste dépasser mon œil m’offrant ainsi un visage à mettre sur cette voix désagréable. La jeune femme qui se tenait au bord de la muraille n’avait rien d’extraordinaire au premier regard ce n’était qu’une humaine parmi tant d’autres, deux choses me marquèrent cependant la première et non la moindre était la couleur de sa chevelure identique à la mienne avec un je-ne-sais-quoi de plus brillant. Mais ses yeux eux réveillèrent en moi un écho irrépressible, ce regard je le connaissais mon reflet avait le même, le dégout et l’indifférence se tapissaient au fond de ses pupilles et cette « humaine parmi tant d’autres » s’avérait en fait la première à venir titiller ma curiosité. Un exploit peut-être pas mais un évènement ça je ne pouvais le nier, qui était-elle donc ?

Cela devait maintenant faire quelques instants que je la détaillais mais malgré mon intérêt la colère ne m’avait pas quitté, elle irradiait tel un brasier sans que je puisse la contrôler et se développa pour envahir la moindre parcelle de mon être. Elle avait sans vergogne reniée le droit des airs au fils d’un dragon, au Fils de Skyneel l’unique dragon céleste de cette époque, et ceci je ne pouvais le pardonner, ce serait baisser les bras face à l’égocentrisme humain et il était temps de rappeler à un de leur membre que le ciel était leur pire ennemi… Tandis que je me relevais la magie se répandit en moi et le vent des alentours répondit à l’appel, les courants ainsi éveillés vinrent fouetter le visage de l’inconnu qui ne cilla même pas, dans ce cas la correction devrait peut-être s’avérer plus brutal que prévu afin que plus jamais elle n’oublie sa place, là ou selon elle j’avais la mienne… Rejetant ma capuche à l’arrière je découvris ma chevelure avant de redresser le bandeau ceignant mon front ainsi mes yeux pourraient lui renvoyer l’exact image des siens, suite à une grande inspiration ma voix s’éleva enfin dans les airs.

Le calme que tu recherches tant est parti à l’exact moment où tu as oublié ta place en ce monde. Les airs ne seront jamais votre royaume et les parasites n’ont pas accès à leurs immensités et craignent leurs colère, retourne donc t’enterrer avec tes semblables…

Je n’avais guère élevé le ton mais j’avais craché ses mots au visage de l’inconnue comme on jette une miette de pain à un affamé, j’envoyais cependant une nouvelle bouffée de vent pour lui indiquer la sortie ou la pousser hors de ces murailles pourquoi pas ! Toutes traces d’intérêt avait maintenant disparu de mon esprit et je refusais de croire qu’elles aient pu un jour existé, seul la haine demeurait et malgré ça la jeune femme ne semblait pas pressée de partir…

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La première réaction de ce gêneur agaça déjà Wilya. Alors qu'elle s'abaissait à lui adresser la parole, il se contentait de poser sur elle un œil vert reflétant à la fois sa surprise et une pointe d'indignation, selon elle. Pas même il ne daignait se lever pour lui faire face, ou tout au moins tourner complètement la tête pour la regarder. Un léger grondement d'irritation prit vie dans la gorge de la Dragonne. Pour qui ce vulgaire insecte se prenait-il ? Et pourtant... malgré son agacement, un reflet dans cet œil hautain lui rappela des souvenirs profondément enfouis. Des souvenirs chauds, doux. Comme un rêve d'enfant. En observant le vert acide de cet œil, elle y vit danser de gigantesques ailes, s'abattre de puissantes griffes, s'ouvrir une incroyable gueule garnies de longs crocs. L'espace d'un instant, une étincelle d'étonnement s'alluma dans le regard de ciel de Wilya, avant qu'il reprenne son mépris habituel. Son esprit lui jouait des tours. Il arrivait parfois que Weisslogia lui manque au point qu'elle hallucine... Cela ne devait pas lui faire oublier ses objectifs présents. Et en l'occurrence, elle voulait ce mur pour réfléchir et se détendre en toute sérénité. Alors, si cet humain lambda s'y opposait, elle emploierait la force, comme elle se l'était dit un peu plus tôt...
Et puis, c'était beaucoup plus rigolo.
Elle sourit méchamment à cette pensée, l'imaginant déjà s'écraser au bas de la muraille après avoir subi la puissance magique de Weisslogia, ou encore à genoux devant elle pour implorer la clémence de l'Inquisitrice du Dragon Blanc. Ça pourrait être carrément jouissif...

Cependant... cet « humain lambda » ne l'était peut-être pas tant que ça. Alors qu'il se levait, la Lumineuse perçut un flot de magie couler en lui, suffisamment important pour le placer au rang de proie de choix. Tant mieux ! Surtout que s'il l'activait, c'était bien parce qu'il comptait en découdre, et Wilya n'attendait que ça. Le vent enfla et gronda comme une bête dérangée, avant de venir importuner une nouvelle fois la jeune mage. Tel un avertissement.
Peine perdue.
Une fois lancé, impossible de calmer un Dragon.
Malgré tout, devait-elle en déduire que cet inconnu avait le pouvoir de manipuler le vent ? A cette hauteur, ça pouvait dangereux. Un frisson parcourut le dos de la Dragon Slayer, lui tirant un rictus d'excitation. Du danger ? Cela signifiait davantage d'adrénaline. Et davantage d'adrénaline rimait avec davantage de plaisir. Elle espérait bien s'amuser un peu !

L'homme se décida finalement à dévoiler son visage. Il commença par retirer sa capuche, libérant une chevelure blanche désordonnée, loin d'égaler la sienne en éclat. Légitime, il fallait pouvoir manger de la lumière pour avoir des cheveux aussi éclatants que les siens... Ensuite, il releva le bandeau dissimulant son œil gauche, offrant le jour à ce dernier. Fait notable, il était barré d'une balafre et légèrement vitreux. Était-il borgne ? Sans doute que non, sinon il n'aurait eu aucun intérêt à le révéler. Et au vu de sa blessure, il avait de la chance que son œil soit intact...
Enfin, sa voix claire s'éleva, semblant à peine atténuée par le vent qui soufflait.

Djinn : Le calme que tu recherches tant est parti à l’exact moment où tu as oublié ta place en ce monde. Les airs ne seront jamais votre royaume et les parasites n’ont pas accès à leurs immensités et craignent leur colère, retourne donc t’enterrer avec tes semblables...

Un dégoût sans borne semblait suinter de chacune de ses syllabes, malgré son ton calme. C'en était presque insultant. La colère s'installa dans les yeux de la Dragonne, brûlante, dévorante, susurrant à son oreille son désir de faire ravaler ses paroles à ce sous-être. Mais, parallèlement... ces mots trouvaient comme un écho à ses propres pensées, ce qui était assez déroutant. Proche du discours qu'elle-même venait de prononcer, la réplique de cet homme trahissait son mépris pour sa propre espèce. Le même que le sien. Visiblement, il la voyait exactement comme elle le considérait. Un parasite, pour reprendre ses propres mots.

Nouveau grondement.
Plus puissant, plus caverneux.
Plus draconique.

Elle allait lui montrer qui des deux était le parasite.

Une nouvelle rafale, plus puissante que les précédentes, la fit reculer d'un pas. Cela la réveilla enfin, et elle recula volontairement de quelques mètres supplémentaires pour s'éloigner des bords du mur sur lequel ils se trouvaient, à plusieurs dizaines de mètres de hauteur. Plaçant son pied gauche derrière elle, légèrement incliné, et levant à demi les bras pour serrer les poings, Wilya adopta une posture de combat à mains nues, l'une de celles dont elle avait tant l'habitude. La colère tapie comme une bête au fond de ses yeux semblait s'être refroidie, telle un prédateur attendant le bon moment pour bondir sur sa proie. Une inquiétante concentration avait pris sa place, laissant la Lumineuse analyser la position et les moindres mouvements de son futur adversaire.
Oh ça oui, les paroles de ce dernier allaient lui coûter cher !

Après un instant, elle déploya enfin sa magie, la laissant parcourir son corps comme un frisson chaud, et provoquant des fourmis dans ses mains. C'était si délicieux, comme sensation. Cette puissance qu'elle s'apprêtait à déverser sur lui... elle en jubilait d'avance.

Wilya : Poings d'acier du Dragon Lumineux !

Les fourmillements dans ses mains s'accentuèrent alors qu'elle serrait encore davantage les poings, qui se mirent à produire une lumière de plus en plus forte en réponse à leur concentration en magie...
Impossible de décrire plus cette lueur.
Tout simplement parce qu'elle avait suivi sa source, qui fondait comme un éclair sur Djinn, de front.
Ses poings étaient désormais semblables à des soleils miniatures, et à chacun des coups qu'elle portait, un flash en jaillissait. Alors, tout en continuant à frapper, elle songea ; qui était réellement l'insecte, hein ?

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La réaction de la jeune femme ne se fit pas attendre et celle-ci semblait bien décidée à ne pas en rester là, la colère s’alluma au fond de son regard et sa posture ne laissait plus de doute pour la suite des évènements. Ma magie circulait déjà dans mes veines enflammée par une colère identique à la sienne et je me tenais prêt à riposter à chaque instant, tout ceci ne finirait qu’une fois que l’un de nous deux serait à terre et je n’avais vraiment pas envie d’observer le sol de plus près. Malgré ça je n’arrivais pas à faire taire les doutes qui me venaient lorsque je regardais la mage sur le point de passer à l’offensive, la menace ne suffisait pas à faire disparaitre la sensation de familiarité qu’elle m’inspirait. Lorsque sa voix retentit à nouveau je fus définitivement dans le doute, « Poings d’acier du Dragon Lumineux », elle était vraiment sérieuse où cette appellation servait juste à donner un peu d’importance à sa piètre magie d’humaine ? Après tout si mon Père, le dragon céleste, avait pu me transmettre sa magie peut-être que ses semblables avaient fait de même avec d’autres humains, Il ne m’avait jamais parlé d’autres dragons mais il n’était pas impossible que les autres éléments soient également représentés par une de ces créatures exceptionnelles…

Ma réflexion n’eut pas le temps de continuer son cheminement, j’esquivais de justesse le premier coup lumineux de mon adversaire mais le recul maladroit que je venais d’effectuer me mettait en position délicate à quelques centimètres seulement du vide. Cependant la jeune femme ne comptait pas en rester là, et de nombreuses attaques fusaient encore dans ma direction, le bon sens me hurlait de riposter mais la colère ne suffisait pas à me faire passer à l’action. Une voix plus calme, plus profonde, plus familière s’éleva dans un coin de mon esprit me soufflant de ne pas céder aux sentiments humains qui émergeait de mes tripes, les paroles que celle-ci me susurraient enroulèrent lentement ma colère, l’étouffant petit à petit me rendant à nouveau maître de mon corps. Mon cerveau se remit en marche lorsqu’un de ces crochets vint violemment s’abattre sur ma mâchoire, la douleur explosa tandis que je roulais au sol profitant de l’élan du choc pour me centrer sur la muraille.

« Tenryû no Maruyane »

Le dôme venteux prit place autour de moi tandis que je faisais face à la mage observant encore une fois ces attitudes, au fil des années j’avais apprit à me fier à mon instinct mais même si le brasier de la colère ne brulait plus en moi je n’arrivais pas à me décider sur la conduite à tenir. Ma technique m’assurait une sécurité toute relative mais si elle continuait à s'acharner ainsi dessus je ne savais pas combien de temps je pourrais tenir, plus qu’à espérer qu’elle me laisse assez de temps pour obtenir les informations que je désirais. Lorsque les assauts cessèrent enfin je m’assis doucement en tailleur au milieu du dôme, cette position me permit de diminuer la surface de celui-ci, économisant ainsi mon énergie tout en augmentant son efficacité, une fois ma défense renforcée au maximum je relevais mon regard en direction de mon adversaire. Aucune des attitudes de la jeune femme me permettaient de dire si elle allait accepter de marquer une pause ou pas mais je devais tout de même essayer de disperser mon malaise…

« Tes paroles laissent penser que tu ne te reconnais pas en la race humaine, je dirais même plus que tu la méprises… D’où te viens ta magie ? »

Je n’avais pas plus élevé la voix que lors de ma précédente prise de parole mais le mépris n’habitait plus mes mots, certes je n’irais pas jusqu’à dire que la douceur avait remplacé celui-ci mais je ne voulais plus affronter la mage lumineuse tant que je n’aurais pas réussi à ôter les doutes de mon esprit. Je ne pouvais pas affronter une fille de dragon sans trahir le peu de principes que je défendais encore, alors tant que mes incertitudes sur ce point ne disparaitraient pas je me contenterais de me défendre refusant catégoriquement de blesser mes semblables… La balle était maintenant dans son camp et l’avenir dépendait uniquement de sa manière de réagir à ma demande, serait-elle suffisamment maitresse de sa colère pour réussir à se calmer ?

Spoiler:

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Wilya siffla quand son poing frappa la mâchoire de cet impertinent. Effet de sa rage de combattre ? Peut-être bien. Après tout, ça lui avait fait un bien fou, et elle ne comptait pas en rester là... Elle commençait à jubiler, un joli rebondissement en cette journée déplorable ! Alors que son adversaire roulait au sol, elle s'apprêtait à lui bondir à nouveau dessus quand ses paroles la figèrent net.

Djinn : Tenryû no Maruyane.

Avait-elle bien entendu ? « Tenryû » ? Cet inconnu manipulerait donc une magie draconique à l'instar de la sienne ? Un Dragon Slayer Céleste, à en juger par le dôme de vent qui le protégeait désormais. Cela n'étonna pas Wilya plus que ça. Elle avait déjà ouï dire que d'autres personnes possédaient cette magie, transmise directement ou non par les êtres merveilleux semblables à son père. Elle en avait rencontré un une fois, un être arrogant indigne du moindre intérêt, qui n'avait même pas eu pour parent ou même pour maître un véritable dragon. Un imposteur grossier qui salissait la noble magie des Pourfendeurs de Dragons avec une ridicule lacrima, se disant être membre de la seconde génération de Dragon Slayers...
La Lumineuse lui avait fait sa fête purement et simplement.
Elle plissa les yeux, revenant au présent. En face d'elle se trouvait donc un deuxième Dragon, hein ? Faisait-il partie de cette seconde génération factice ou avait-il connu un réel dragon qui lui avait transmis cette magie ? Il fallait de toute évidence et dans tous les cas déterminer lequel des deux était le meilleur !

Jaugeant d'un regard la protection aérienne du potentiel fils de dragon, elle resserra les poings dont émanait toujours une lumière éclatante, puis fonça à nouveau dans sa direction. Arrivé sur lui, elle frappa le bouclier sphérique, avant de hausser les sourcils en se rendant compte qu'il était plus résistant qu'elle l'avait imaginé. Grondant, elle porta deux autres coups, avant de comprendre que c'était inutile. La lumière sur ses poings décrût progressivement avant de disparaître totalement et elle s'éloigna d'un bond en arrière. Pas mal, pas mal... elle n'en attendait pas moins d'un de ses semblables. Elle regarda celui-ci s'assoir lentement et afficha un air contrarié en comprenant qu'il allait rester sur la défensive un bon moment... Cela la frustrait, elle qui était désormais bien échauffée et qui n'avait qu'une envie, en découdre ! Elle avait encore plus d'un tour dans son sac. Ses Poings Lumineux n'étant qu'un sort offensif faible, elle savait qu'elle pourrait traverser la protection de son opposant sans mal avec une technique d'un rang un peu plus élevé, telle que son Souffle Sacré ou même ses Griffes...
Wilya mit fin à sa réflexion en remarquant le regard de son adversaire, plus animé par la curiosité que par le mépris, posé sur elle. Il n'avait visiblement pas envie de se battre... Déçue, la Lumineuse se détendit un peu, restant tout de même attentive au moindre mouvement suspect de sa part, et l'écouta tandis qu'il prenait la parole.

Djinn : Tes paroles laissent penser que tu ne te reconnais pas en la race humaine, je dirais même plus que tu la méprises… D’où te vient ta magie ?

La jeune Dragon Slayer Lucynda le regarda en clignant des yeux, comme prise au dépourvu. Son mépris pour les êtres humains était une évidence, et son évocation ne consistait qu'en une sorte d'introduction à un long interrogatoire, elle le pressentait... Certainement que cet homme se sentait dérouté d'avoir en face de lui une personne maîtrisant la même magie de Chasseur de Dragon. Cela dit, elle n'avait de compte à rendre à personne, et n'avait sûrement pas envie d'être bombardée de questions par un inconnu, Dragon ou pas... même si, elle devait l'avouer, il l'intriguait également. Après tout... pourquoi ne pas se lancer dans un petit jeu ? D'un geste vague de la main, elle lança d'une voix aussi claire et pure que ses yeux :

Wilya : C'est bon, désactive ta barrière... J'accepte de parler. Mais je ne te révèlerai rien tant que je n'en saurai pas plus sur toi, éventuel Dragon. Présente-toi d'abord, je veux tout savoir. Qui tu es, qui t'a transmis ta magie, d'où tu viens et comment en es-tu arrivé là. Parle, ou tu ne seras même plus digne de mon intérêt. Auquel cas j'enverrai le vent remuer la poussière, en bas.

Difficile d'être plus évocateur. La fille de Weisslogia croisa les bras, se tenant droite, laissant le vent jouer avec sa cascade de longs cheveux lumineux.
Son regard turquoise, inquisiteur, posé sur l'être qui méritait peut-être qu'elle s'intéresse à lui.

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À sa demande je baissais ma barrière, la laissant s’évaporer dans la brise environnante, dire que je faisais confiance à la jeune femme en face de moi serait un peu prématuré mais je me devais bien de montrer ma bonne volonté. Toujours sur mes gardes je me retrouvais donc en face de la mage, celle-ci ne voulait pas me divulguer les renseignements demandés et attendait que j’entame ma confession avant elle, dire qu’elle avait un don pour insulter les gens avec ces paroles restait un doux euphémisme. Sa menace me laissa de marbre mais je comprenais sa réticence vu que je ressentais la même à l’heure actuelle, que pouvais-je vraiment dire à l’inconnue ? Pouvais-je vraiment me fier uniquement à un nom de techniques ? Je ne connaissais rien à la magie en dehors de mon pouvoir, après tout rien ne me disait que ces misérables ne se soient pas amusés à copier une magie qui ne leurs était pas destinée.

D’un autre côté si je rechignais à lui parler comment obtiendrais-je des informations sur les dragons slayer ? Si jamais son pouvoir n’était qu’une pâle copie de la magie des dragons je n’aurais aucun mal à l’éliminer et toutes ses belles menaces ne valaient rien si elles provenaient de la bouche d’un misérable insecte. Je ne comptais pas répondre à toutes ces questions du premier coup, se serait donnant-donnant ou elle n’aurait qu’à tenter de m’envoyer valser en bas de la muraille, je n’étais pas si facile à abattre… Je relevais lentement le regard vers elle, toujours immobile les bras croisés sur la poitrine celle-ci se contentait de me fixer, le vent jouait doucement avec sa chevelure lumineuse donnant presque une allure théâtrale à toute cette scène. Un immense soupir vint soulever mon torse avant que ma voix ne s’élève dans l’air…

« Les menaces ne prennent pas sur moi alors évites les à l’avenir… Cependant ta demande est légitime bien qu’exagérée. »

Je marquais une pause le temps qu’elle assimile bien ces quelques mots, si nous devions entamer une discussion autant partir sur de bonnes bases, les phrases destinées à me faire peur avaient une fâcheuse tendance à me mettre en colère à la longue. Avant de lui laisser le temps de trop réagir je repris la parole pour entamer mon histoire :

« Je n’ai aucun souvenir de mon enfance que je qualifierais d’humaine, pour simplifier considères que je suis né à l’âge de 5 ans vu qu’à mes yeux ma vie n’a véritablement commencé qu’à ce moment-là.

Mon Père qui m’a recueillit à cet âge ne possédait pas un caractère forcément évident, nous vivions reclus dans la nature environnante du Mont Hakobé loin des humains pour des raisons que tu sembles connaître au vu du mépris que tu leurs voues. J’ai vécu tout le reste de ma vie là-bas sauf depuis quelques années où je découvre avec un immense dégoût ce que ces parasites se sont amusés à faire à la terre… »

Deuxième pause, le discours que je venais de tenir était le plus long depuis bien des années et un fait encore plus remarquable il ne contenait aucune insulte dirigée contre mon interlocutrice. Je m’étais véritablement dépassé mais il y avait fort à parier qu’elle ne se satisferait pas d’aussi peu de renseignements et j’allais donc devoir entamer une partie plus délicate, je me raclais donc discrètement la gorge avant de briser à nouveau le silence que j’affectionnais tant d’habitude.

« Ah oui j’oubliais mon Père ne me ressemble pas vraiment, il a plus de dents que moi, me dépasse en taille de plusieurs mètres, pèse quelques tonnes de plus que moi et peut te décapiter d’une simple pichenette. En bref j’ai été élevé par un dragon… »

Ma voix se serra légèrement suite à ces mots, de nombreux souvenirs me traversaient l’esprit, principalement des bons, en vérité il n’y en avait qu’un seul de mauvais mais il éclipsait presque tous les autres… Lors de sa « disparition » il avait emmené avec lui une partie de mon cœur, me mutilant émotionnellement jusqu’à ce que je le retrouve et que je comprenne son acte, je doute que ça soit volontaire de sa part mais parler de lui à voix haute avait ouvert la blessure à nouveau. Quelle merde ! Je secouais lentement la tête pour reprendre mes esprits, j’en avais suffisamment dit pour le moment, à son tour maintenant de commencer les confessions, j’en avais déjà trop dit…

« En ce qui concerne les raisons de ma présence ici, elles ne regardent certainement pas une parfaite inconnue… Vas-tu finalement te décider à parler à ton tour ? A moins que tu ne préfères me pousser en bas des murailles ? »

Me relevant je joignis les gestes à la parole et après quelques pas je repris ma position assise mais cette fois-ci tout au bord des remparts, mon regard fixé dans les yeux de la jeune mage lumineuse, était-elle vraiment prête à me parler ? Ou notre discussion finirait elle dans un bain de sang ?

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