Mademoiselle.

Je me présente. Je me nomme Laz Spirine, je suis un grand amateur d'art et je m'intéresse plus particulièrement aux productions des Antiques et à leur mythologie remarquable.

Si je m'adresse à vous, mademoiselle, c'est qu'un ami que nous avons en commun m'a signalé que vous cherchiez du travail et que vous êtes une jeune mage indépendante. Voyez-vous, cela fait des mois que je demande aux guildes de m'aider mais aucun de leur membre ne s'intéresse à mon travail, le jugeant trop "facile" ou pas assez bien payé, qu'en sais-je.

Pour vous, mademoiselle, je suis prêt à doubler le prix. A condition que vous me donniez une réponse dans les plus brefs délais.

Avec la lettre était jointe une petite note, où un prix était griffonné. Rien d'extravagant effectivement, plutôt mal payé d'ailleurs.

Monsieur,

Indiquez moi en quoi consiste le travail et je me ferais un plaisir de l'effectuer pour vous, aussi vite que faire ce peut.

NH.

Ainsi, la jeune femme reçut l'ordre de ramener une idole représentant Junomia, une déesse oubliée de tous sauf des collectionneurs. Spirine lui avait indiqué dans son second courrier où trouver l'objet, mais au lieu de se rendre dans les montagnes de Saphir à la recherche de la crypte, Pandore préféra débuter sa mission dans un lieu bien moins hostile : Oak et son université.

La ville était réputée pour ses érudits et son université pour être l'une des meilleures de Fiore. Pandore avait besoin d'informations et elle était sûre d'être au meilleur endroit pour les obtenir.

Tôt dans la matinée, la jeune femme se présenta à l'université où elle expliqua au premier responsable venu ce qu'elle cherchait ici. Il lui fallait consulter les cartes les plus récentes des montagnes, avec tous leurs reliefs ainsi que des indications sur la faune et la flore locale. On lui indiqua alors la bibliothèque de l'université, qu'elle rejoignit avec l'aide d'une étudiante qui s'y rendait justement.

Peu bavarde de nature, Pandore lassa rapidement l'étudiante qui ne voyait en elle qu'une drôle de fille aux cheveux beaucoup trop longs pour être saine d'esprit. Elle était insensible à l'éclat dans les yeux de Pandore, ne se rendant pas compte de l'aura qu'elle dégageait et se moquant bien d'en apprendre plus sur elle.
Un petit sourire se dessina sur les lèvres de la mage, quand la demoiselle la quitta. Elle n'était pas habituée à avoir si peu d'impact sur un inconnu et se rendre compte qu'il existait tout de même des personnes qu'elle laissait indifférente, était un plaisir que peu de monde pouvait connaître.

Pandore commença ses recherches par demander de l'aide à un documentaliste. Patiemment, il lui indiqua les rayons qu'elle cherchait et l'aida à trouver les cartes et livres dont elle avait besoin. Voyant que l'organisation de la bibliothèque échappait à la dame au regard sanglant, il lui expliqua rapidement comment trouver un livre, seule.

Un sourire échangé, et la belle débuta son étude, consciencieuse et appliquée. Personne n'osa s'installer à sa table, ni même trop s'approcher d'elle. Hormis l'étudiante qui l'avait accompagnée, tout le monde semblait réceptif à son étrange présence.

Il fallut une bonne partie de la journée à l'ancienne impératrice pour déterminer la zone où devait se trouver la crypte qu'elle cherchait, assimiler les dangers qui pouvaient l'attendre en chemin et se tracer l'itinéraire le plus rapide mais sûr qui soit.

Au beau milieu de l'après-midi, elle leva le nez de ses bouquins et s'étira longuement. Ses jambes étaient engourdies à force de rester assise sur une chaise en bois, sa nuque la brûlait et ses épaules imploraient pitié, mais elle était souriante, satisfaite de son travail. Avant de quitter la bibliothèque, Pandore rangea les livres et se laissa aller à une promenade entre les rayonnages.

Cela faisait plus de cinquante ans qu'elle n'avait plus mis les pieds dans une bibliothèque. Cinquante ans qu'elle n'avait pu feuilleter aucun livre, sentir aucune page jaunie par le temps, et découvrir de nouvelles histoires. Elle avait toujours aimé lire depuis sa tendre jeunesse, et même après l'instauration de son empire, elle n'avait pas cessé de s'adonner à ce petit plaisir. Tout était si simple dans les histoires, tout était si clair. Il ne fallait pas plus de quelques pages pour savoir qui était bon et qui ne l'était pas. Tout le monde finissait par comprendre ses erreurs, tous les puissants concepts arrivaient à raisonner le plus fous des hommes.

Un tissus d'illusions et de mensonges.
Mais un baume qu'il était si bon d'appliquer sur son âme trop acide.

Elle sourit en passant les doigts sur les couvertures de cuir, en longeant les rouleaux de parchemins, et son sourire s'accentua quand elle tomba sur un livre où était frappé en lettres d'or Junomia : légende et artefacts.
La curiosité l'emportant, la belle fantomatique tira le livre de son emplacement et débuta une lecture passionnée.